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Tchin !

De Juin à Septembre 2018, je travaille trois mois au Centre d’Art Verrier de Meisenthal, afin d’inventorier et numériser une partie de l’immense collection de moules de soufflage conservée sur place depuis plusieurs années.

Parallèlement, je m’intéresse à un autre savoir-faire, celui des bouilleurs de cru. J’ai rencontré ces artisans de l’eau de vie et commencé un travail d’entretiens et d’écriture sur leurs recettes et leurs histoires. C’est dans ce contexte, que j’ai imaginé et réalisé au CIAV, une série de verres à schnaps.

Le principe de cette série de verre est basée sur un un cahier des charges ouvert à l’intention des verriers. Chaque verre est unique, tout en étant assez semblables pour que le choix de plusieurs d’entre eux puisse constituer un service harmonieux. Inspirée par ma passion pour les brocantes de villages en été, où je passe des heures accroupie près des caisses de vaisselle poussiéreuse, pour créer des services de verres, dépareillés mais cohérents.


« Il y a d’abord les histoires de litres de Schnaps au travail, dans les usines verrières et d’autres encore, offrant aux ouvriers un soutien moral, un échappatoire dans la pénibilité de leurs travaux. Il y a évidement les histoire de bars, de copains, de grandes rigolades. Les histoires d’abus et de bêtises, les histoires de fêtes, qui sont des histoires de naissances, de mariages, d’anniversaire, ou de soir de match. Il y aussi les histoires de famille, celles des grandes tablées du dimanche, qui se terminent toujours par un ou plusieurs verres de schnaps, pour digérer. L’histoire de la framboise du grand-père, que l’on ne sait plus faire, dont une dernière bouteille reste toujours précieusement conservée à la cave. L’alcool peut être un fléau, un échappatoire, le signe d’une détresse, d’un mal social. Mais l’alcool est aussi, comme la bonne cuisine, fédérateur, accompagnant depuis toujours de grands moments de nos vies.

Au delà des sentiments, ces histoires de familles sont des histoires de techniques, de gestes et de recettes qui, de parents à enfants, se sont transmises. Ce sont des secrets de famille, de la récolte des fruits du verger à la mise en bouteille, et les longues nuits à surveiller l’alambic en discutant. En France, depuis 1959, le privilège des bouilleurs de cru n’est plus transmissible par l’héritage, et s’éteindra donc au décès des derniers détenteurs. Ce savoir-faire est un autre patrimoine immatériel qui se perd. Une pratique artisanale, locale, situé et historique d’un territoire, menacée. Cette lutte du petit, de l’humble, face à des politiques globales et des lobbies, me permet de voir en ces pratiques des actes de résistance. Le choix de l’artisanat, de la production locale, est un acte engagé. »
Extrait de mes recherches, Septembre 2018.

De Juin à Septembre 2018, 
je travaille trois mois au Centre d’Art Verrier de Meisenthal, afin d’inventorier et numériser une partie de l’immense collection de moules de soufflage conservée sur place depuis plusieurs années.

Parallèlement, je m’intéresse à un autre savoir-faire, celui des bouilleurs de cru. J’ai rencontré ces artisans de l’eau de vie et commencé un travail d’entretiens et d’écriture sur leurs recettes et leurs histoires. C’est dans ce contexte, que j’ai imaginé et réalisé au CIAV, une série de verres à schnaps.

Le principe de cette série de verre est basée sur un un cahier des charges ouvert à l’intention des verriers. Chaque verre est unique, tout en étant assez semblables pour que le choix de plusieurs d’entre eux puisse constituer un service harmonieux. Inspirée par ma passion pour les brocantes de villages en été, où je passe des heures accroupie près des caisses de vaisselle poussiéreuse, pour créer des services de verres, dépareillés mais cohérents.

« Il y a d’abord les histoires de litres de Schnaps au travail, dans les usines verrières et d’autres encore, offrant aux ouvriers un soutien moral, un échappatoire dans la pénibilité de leurs travaux. Il y a évidement les histoire de bars, de copains, de grandes rigolades. Les histoires d’abus et de bêtises, les histoires de fêtes, qui sont des histoires de naissances, de mariages, d’anniversaire, ou de soir de match. Il y aussi les histoires de famille, celles des grandes tablées du dimanche, qui se terminent toujours par un ou plusieurs verres de schnaps, pour digérer. L’histoire de la framboise du grand-père, que l’on ne sait plus faire, dont une dernière bouteille reste toujours précieusement conservée à la cave. L’alcool peut être un fléau, un échappatoire, le signe d’une détresse, d’un mal social. Mais l’alcool est aussi, comme la bonne cuisine, fédérateur, accompagnant depuis toujours de grands moments de nos vies.
Au delà des sentiments, ces histoires de familles sont des histoires de techniques, de gestes et de recettes qui, de parents à enfants, se sont transmises. Ce sont des secrets de famille, de la récolte des fruits du verger à la mise en bouteille, et les longues nuits à surveiller l’alambic en discutant. En France, depuis 1959, le privilège des bouilleurs de cru n’est plus transmissible par l’héritage, et s’éteindra donc au décès des derniers détenteurs. Ce savoir-faire est un autre patrimoine immatériel qui se perd. Une pratique artisanale, locale, situé et historique d’un territoire, menacée. Cette lutte du petit, de l’humble, face à des politiques globales et des lobbies, me permet de voir en ces pratiques des actes de résistance. Le choix de l’artisanat, de la production locale, est un acte engagé. »
Extrait de mes recherches, Septembre 2018.